Je veux me rappeler
Des gestes
Me rappeler du reste
De l'avant
Qui salit
Je veux garder l'envie
De faire mieux
Me garder
Du moins pire
De nos vieux
Ne me reboote pas
Je veux me rappeler
De l'incurie
Je veux la cicatrice
Qui réveille
Le boucan
Des silencieux
Turbulant aux oreilles
Je veux des idoles
À souiller
Des valeurs faisandées
Du contre exemple
À compisser
Ne me reboote pas
Je veux des raisons
À ma présence ici
Je veux voir les fossiles
Du non-retour
Comprendre
Et composter
Les certitudes
Puisque le vide appelle
Je veux des gardes fous
Ne pas lisser l'inepte
Ne pas laisser le certes
Avoir raison sur tout
Ne me reboote pas
Que les pestes d'hier
Ne gangrènent aujourd'hui
Mithridate
Ouvre
Lève l'embargo
Libre-échange
D'ultraviolets
Et cumulus
Accueille
Installe trois chaises
Un parasol
Des heures heureuses
Refais ton monde
Terrasse
Ton fort d'intérieur
Aère moi ce bordel
Dézingue le physio
Laisse entrer dehors
Tolère
Toutes les paires de souliers
Même crottés
Un paillasson ne sers à rien
Si tu vis hors les murs
Ouvre
Lève l'embargo
Libre à l'ivresse
D'un rien de brise
Et quelques mots
Accueille
La valériane
Et le couteau
Sans cloisons
Sans rien à dos
Terrasse
L'égo charpente
Fais rooftop
Fais dancing
Des nevroses
Tolère
Le déférent, l'indifférent
Fais les s'assoir
Cogne ton verre
À leurs poisons
Ouvre
Lève l'embargo
Crache vers le ciel
Renonce à faire
La méteo
Cafédomancie
Je ne vois ni avenir
Dans ses auréoles brunes
Ni présage
Dans ses sentiers
De mélasse et de marc
Mais des souvenirs
Frayent aux narines
Effluves évocatrices
Fragrances de réglisse
Âcres et édulcorées
L'haleine de Mémé
Sur son fauteuil tout mou
Le France Dimanche
D'après manger
Et l'école
Qui reviendra trop vite
Lèvres pincées
Yeux plissés
Les grimaces
Que l'on se fait fier
De dissimuler
Au rendez-vous
De saveurs adultes
Celui
Que l'on reprend
Comme une validation
Lorsque les certitudes
Lorsque les inquiétudes
Du tout premier baiser
La plonge du déjeuner
Quand la trêve est finie
Quand la guerre a repris
Sédiments de lipstick
Montagnes porcelaine
Au tintement sucré
Celui
De tout temps
Qu'on laisse refroidir
Et laisse autour de lui
Le délicat fumet
Des actes manqués
Les vagues
Dis,
C'est quoi
Toute cette eau
Qui avance
Et recule ?
L'être
Épaissit avec l'âge
Habite le provisoire
Soudain
Boude le maquillage
Et s'approche du certain
À mesure
Que ressac son cuir
Passé le jour
Qui vient toujours trop tôt
Où l'on ne sait plus bien
Si le sable
Des châteaux
Qui agace l'omoplate
Crisse sous le maillot
Ou visite le derme
C'est assez d'écumer
De rage
Et les troquets
Le sel
Une fois sur les lèvres
Embrase les humeurs
Et saumure
Les névroses
Dis,
Quand sommes nous
Passés
De vivants
À adultes ?
Vert tendre
Quand le dos est rompu
Quand le mal du terreau
Quand le tronc se fait lâche
Quand les airs sont trop hauts
On sève
Perspectives de jungle
Colonie de l'esprit
À l'export
Une bouture de soi
En terre nouvelle
Racines coupées
Un monde fout le camp
Jardin concret
Superflus/essentiels
Tri des nutriments
Luxurience de l'ailleurs
Libido de pied tendre
Béton en jachère
Vitiligo émeraude
D'un coeur né dans le gris
Des chevilles qui se niquent
Au contact
D'une souche d'une roche
Des semelles qui s'écorchent
Sur le sentier du vrai
Quand le dos est rompu
Quand le mal du terreau
Quand le tronc se fait lâche
Quand les airs sont trop hauts
On sève
De survivre en roseau
Croissance
Il a poussé pas loin
Du double de sa taille
Il est passé
De petit et gros
À plus grand
Et moins gros
Et moins gai
Le pavillon
Tout en préfabriqué
S'est changé en zonzon
Toute insonorisée
Aux lignes interminables
Bosselées
De déni capiteux
Sa crise d'ado
Est restée coincée
Entre diaphragme
Et trachée
Ça gueule pour sortir
Ça tourne à l'alambic
Ça pousse comme un ressort
Mamie
Remballe ton Knorr
L'apnée juvénile
Ça vaut toutes les soupes
C'est la quatre voie
Vers l'adulte
En charge et structuré
Fort
De ce nouvel engrais
Et les tibias qui braillent
De culpabilité
Il fume des Camel
Et suce un peu son pouce
Entre deux nuits gachées
Circuit court
Le disque dur
A cramé d'émotion
Rupture de stock
Tout en mémoire
Tampon
Quand les monstres
Foutent le camp
Il reste le vide
Besognons
À en faire nos choux gras
Alors improviser
Jaillir
Sur le papier
Attraper l'instant
Sans faire de prisonnier
Facile
D'avoir l'air spontané
Quand chaque mot
Est confit de glitter
Et d'effets mentholés
Le mascara à sec
Le polish au placard
Il va falloir faire face
À ce tartare de lettres
Sans câpre ni tabasco
Retrouver l'ivresse
De rêves disparus
Perfusé au fugace
S'inventer des souvenirs
D'existences non vécues
Faire peau de trouble-fête
Marre de lisser
Laisser pisser
Voir si la musique
Daigne passer une tête
Quand la nostalgie
S'étiole
Il reste les rides
Sillonnons
Pour dégager la voie
Tant pis si c'est claqué
Tant mieux si c'est canon
Dire plus
Poser moins
De questions
Insta Pump
Avisez ce garçon
Le moral dans les pompes
La languette martyre
Exfiltrer l'embonpoint
Du ventre
À ses semelles
Pompe
Fanou
Pompe
Mais ne crêve pas
Aujourd'hui c'est assez
J'en peux plus
Des godasses en carton
De chez André
Je veux du Rosny 2
Du Décat' non soldé
Mehdi dit Rébouk
Olivier Ribok
Je dis
Revanche
Récré
Révolte
En grandes foulées
D'une nouvelle pesanteur
Avisez ce garçon
Mille francs aux chevilles
De cuir transhumaniste
S'affranchir des bouffons
Pompe
Fanou
Pompe
Mais ne rêve pas
Cravate
Le bureau
A changé de place
Et la fierté
De bord
Eh quoi
L'upper-class
Ne reconnaît-elle plus
Son laquais number one ?
Ruinart ou Gallimard
Je n'ai pas le feeling
De m'être transformé
Le bureau
A changé de place
Il boude les ascenseurs
Tourne dos à l'entrée
Eh quoi
Jusqu'où faut il compter
Pour que le sommeil cesse
Ses reminders datés ?
Benchmark ou Pulitzer
Tu n'as jamais su voir
Le punk à l'intérieur
Le bureau
A changé de place
De méchants Elysées
À des espaces (ou)verts
Eh quoi
Comment dormir tranquille
Si quelque part sur terre
C'est toujours l'heure du thé ?
Windsor ou Victoria
Si les fers sont au choix
Les miens sont tout trouvés
Joël
Sur les murs
De grands bonshommes
Tout en bâtons
Lancent
Disques
Poids
Et promesses
De conquête
Le gazon est plus vert
Qu'à Sao Paulo
Mais les tours
Emergent des gradins
La coupe du monde
Se joue
À Aubervilliers
Papa est
Le Joël Bats
Des finances publiques
Sans les frisettes
Mais un maillot qui claque
Et la fougue
Intacte
Allez le Raincy
Allez Livry
Ça gueule à tue tête
Tous supporters
Trinité du beau sport
Sueur
Huile de tournesol
Et 33
Export
Bats stoppe le ballon
Et prend de plein fouet
Un agent d'assiette
Reste à terre
Et le temps suspendu
Papa
Va-t-il rentrer
Ce soir
Joël se relève
Plus de bleus
Que de mal
Adresse un clin d'oeil
A ses gosses
Et embrase
Les tribunes
Et l'histoire
Fait le reste
Sylvain marque
Et la France
(Le Raincy)
A gagné
Ça s'abreuve à la coupe
Merguez à volonté
Et des gars de tous bords
Ont rallié les vainqueurs
Et ivres de victoire
Font les Champs Elysées
Cape et loup
J'ai rêvé de ce livre
Qui n'existe pas
Intitulé
Les hommes
Viennent
Des hommes
Sur la couverture
En noir et blanc
Un type
Completement nu
Juste un loup sur le nez
Et une cape
Façon Marvel
Regard dans le vide
Bière à la main
Le sexe flasque
Et pathétique
Pendu bien bas
Lâché en proie
À la cuvette
J'ai rêvé de ce livre
Intitulé
Les hommes
Viennent
Des hommes
Qui n'existe pas
J'y trouverai
Ce que je fuis
Et que tu fus
Et que je suis
Et si tu ne l'écris pas
Je l'écrirai
Pour moi
Laine
Faire pelote de soi
(Ni cueillie ni jetée
Se garder que la maille
Ne glisse entre les doigts)
S'écrire par petits bouts
(N'exceller en rien
Mais des recoins de l'humble
Être un brin touche à tout)
Pelote de chagrin
(Autodafer les trolls
Et conserver les cendres
Pour nourrir le jardin)
Ne feindre jamais rien
(Être sans comédie
Aux yeux d'Elle ou Il
Une meuf ou un type bien)
Pelote de son
(Franchir le mur du sens
Préférer au bon mot
Le bon pavillon)
Embrasser les flatteurs
(Se tamponner du vrai
Si le faux nous sied mieux
Au coeur)
Faire pelote de soi
(Et faire tapis
Au rendez-vous
De celui qui te voit)